Monday, October 6, 2008

POUDRE AUX YEUX

Rapide tour dans le centre de Galveston ce matin en allant déposer quelques sous à Bank of America dont le titre se casse le nez dans une bourse qui s'effondre à Wall street comme à Paris : déprimant, tout est sale, gris ou marron, commerces ouverts sur la rue et vidés de leurs stocks, personnel absent ou morose, bref l'ile, trois semaines apres le passage d'Ike, est un désert sordide. On n'a pas trainé et nous sommes rentrés tristes et silencieux a la maison.

A 13 heures, l'adjusteur de l'assureur degat du vent s'est enfin pointé avec un accolyte. Un grand type au physique de prédicateur, assez sympa et très pro. Il nous a mis sur sa liste de degats tout ce qu'on pouvait désirer et même ce qui nous avait echappé. Toutefois, on a un "deductible" de 2000 dollars et on a besoin d'un bon paquet de dommages pour ne pas en être de notre poche. Cela dit, il a mis sur la liste 500 dollars de nourriture foutue dans le frigo, le frigo pourri par la nourriture avariee, l'unité d'air conditionné, la palissade côté jardin, et diverses babioles sur le toit et les plafonds.On devrait s'y retrouver. A vue de nez, nous avons pour 50 a 60.000 dollars de dommages dans la maison et au dehors, jardin et toit.

Mais ce qui me brise le plus le coeur, c est l'allure générale de l'ile et l'impression de grande pauvreté qui s'en degage. Comme pour nous déprimer davantage, nous sommes allés au dispensaire pour les pauvres car nous n'avons pas accès à l'hopital et la vue de tous ces Hispaniques et ces Africains-Americains entassés comme des serviettes sales en l'attente de soins bon marché nous a encore un peu plus sapé le moral.

Il faut voir cela pour comprendre ce que signifie l'absence de Securite Sociale pour tous aux Etats Unis. Je me serai cru dans un roman de Dickens. Et pourtant ce dispensaire est moderne, propre, bien equipé, ce qui cloche, c est le spectacle de tous ces pauvres gens mal vêtus, souvent déguenilles et sales qui attendent leur tour pour recevoir des soins. Les Etats Unis ont besoin d'un Obama qui prend un peu les choses en mains car entre les banquiers qui font n'importe quoi et les docteurs du secteur privé qui se sucrent pendant que 45 millions de citoyens n' ont pas accès à la mèdecine, ce pays part en morceaux.

Après dix ans aux Etats Unis, je me demande comment il est possible de ne pas être politiquement radical dans ce pays. Wall Street, Hollywood et Miami ne sont que de la poudre aux yeux qu'on jette aux yeux des cons qui croient que tout le monde a une chance au pays de Lincoln. Plus ca va, plus je suis convaincu que c'est faux et qu'il est plus facile de s'en sortir en Europe. Abraham ne reconnaitrait pas son pays.

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