Monday, August 3, 2009

L'ELEGANCE DU PSA


Je termine l'Elégance du hérisson de Muriel Barbery, quel étrange roman, imaginez une concierge de 57 ans hyper-auto-éduquée et une gamine de 13 ans hyper-intelligente vivant dans le même immeuble rue de Grenelle au milieu d'une bande de proprios snobinards, gauchisants, ministres de Gauche, ou simplement réacs et emparticulés, le genre vieille aristo à la de Broglie...



Et imaginez que les deux génies tiennent un journal et vident leur sac. Vous obtenez la plus radicale charge contre la société à la cire-moi-les-pompes-minable dans laquelle nous vivons. C'est du Coluche sans vulgarité, du Zola sans paupérisme, du Marx sans dialectique et sans lutte de classe, mais c'est pire car c'est vu à travers des yeux d'enfant et de simples gens. Il y a des longueurs, Madame Barbery nous saoûle de sa culture et de disgressions philo à la con, elle est ou a été prof de philo et cela se voit un peu trop, mais l'ensemble est désopilant, plein de verve et de hargne et de trouvailles géniales : "l'art, c'est l'émotion sans le désir", "je hais les gens qui déguisent leurs aliénations en Credo", bref de la grande littérature, Céline n'aurait pas renié, mais l'auteur est de Gauche et déteste les riches. Céline détestait tout le monde sauf lui.

Il était temps qu'un écrivain ait le courage de rappeler que dans notre monde LVMHisé, les riches et les intellectuels imposteurs tiennent le haut du pavé sans génie, sans charme, sans finesse et qu'ils ne sont souvent, presse people à l'appui, que de tristes zombies décervelés, friqués et embijoutés.

Tout le monde se fait rincer, du psy 68tard ringard au critique gastro dans le vent, du député PS lâche jusqu'aux bourgeoises prêtes à s'entretuer pour une solde ratée, de la Normalienne stupide jusqu'au fils de marchand d'armes drogué... Et tout ça sur l'air de "honni soit qui mal y pense, je vous dis juste ce que je vois et ce que j'en pense."

La lecture de cette ode rafraichissante fait du bien à l'âme, son aspect anar soulage et l'ironie et la morsure laissent dans l'esprit un brin d'espoir : il n' y a pas que des amoureux de Michael Jackson sur terre.

Pour parler d'autre chose, c'est PSA day aujourd'hui et j'espère que ce triste sire va se décider à chuter. En attendant, je ne dors pas, j'ai faim et envie de vomir, d'ailleurs, j'ai craché de la bile il y a une demie heure. Jeudi, c'est chimio day, je devrais dire "chemo day", et une fois encore j'espère que les dommages collatéraux vont être plus mesurés que la première fois.

C'est tout pour aujourd'hui, Raymond est venu me voir hier depuis Lille, c'est de l'amitié ou j'y pige rien. Il est vraisemblablement mon seul vrai ami avec Charles et deux ou trois copains/copines d'enfance à Marseille dont Franck ou de Londres dont Monique et Michael, les fidèles d'entre les fidèles. De 25 ans à Paris, rien. J'ai eu le temps de le vérifier depuis que j'ai le cancer (2003), quitté l'Agefi (1995) et quitté Paris (1998). Enfin, j'ai une femme, une mère et un frère qui m'aiment, je ne dois pas trop me plaindre. Que doit être la vie des gens qui vivent sans ces liens familiaux et doivent affronter la maladie et la mort ? Un enfer.

PS : Ancienne élève de l'École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud, Muriel Barbery est titulaire d'un DEA de philosophie. Elle a enseigné dans un lycée puis à l'IUFM de Saint-Lô. Elle écrit son premier roman, en 2000 Une gourmandise : un critique gastronomique à l'agonie essaie de retrouver un goût inconnu. C'est le succès de la rentrée littéraire. Il sera traduit en douze langues. Son roman L'Élégance du hérisson est la surprise éditoriale de l’année 2006 : il a en effet connu 50 réimpressions et s’était vendu à 600 000 exemplaires en octobre 2007, ayant aujourd'hui dépassé le million d'exemplaires et ayant occupé la première place des ventes trente semaines consécutives. Ce roman a obtenu de nombreux prix et a permis à son auteur de figurer dans le Top 10 des romanciers ayant vendu le plus de livres en 2007.



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